L’expansion à l’étranger est un processus complexe qui doit être abordé de manière stratégique afin de minimiser les risques, de réduire la charge fiscale potentielle et de maximiser les profits. La série Vendre sur le marché mondial est conçue pour fournir aux entreprises canadiennes les conseils dont elles ont besoin pour minimiser et réduire les risques lorsqu’elles opèrent sur le marché mondial. Premier volet d’une série de quatre, Vendre sur le marché mondial explore les principales options à envisager lors d’une expansion internationale.
L’expansion internationale fait partie intégrante des plans de croissance de nombreuses entreprises canadiennes. Le Canada est un peu un acteur mondial et, pour de nombreuses entreprises, la pénétration des marchés internationaux est la prochaine étape logique, qu’il s’agisse des États-Unis, de l’Europe ou d’ailleurs.
Alors que l’informatique en nuage et d’autres technologies modernes facilitent plus que jamais l’établissement et la gestion de relations avec des clients à l’extérieur du Canada, les entreprises qui vendent leurs produits à l’étranger peuvent rapidement se retrouver dans un dilemme fiscal. D’un point de vue fiscal, l’expansion internationale ne consiste pas simplement à établir une entité juridique dans un pays étranger ou à avoir une présence physique dans un pays étranger. Les activités courantes telles que l’envoi d’employés canadiens à des salons professionnels à l’étranger, les voyages à l’étranger pour gagner des clients étrangers ou l’embauche d’employés dans le monde entier peuvent également donner lieu à des impôts étrangers.
Comment développer votre entreprise à l’étranger tout en minimisant les risques de problèmes fiscaux et juridiques ?
- Examiner vos options
Quelle que soit la taille ou la portée de leurs activités, les entreprises canadiennes qui envisagent de faire des affaires avec des clients étrangers doivent être prudentes et proactives dans leur expansion internationale. Une bonne planification de la croissance internationale et de la réussite à long terme doit concilier les besoins de l’entreprise avec une protection adéquate contre les problèmes fiscaux, juridiques et de responsabilité potentiels.
En général, il existe deux options de base pour structurer L’expansion internationale d’une entreprise : une succursale étrangère et une filiale étrangère. Le choix de la structure doit être fondé sur certains facteurs clés, tels que le pays d’expansion, les lois fiscales de ce pays, l’existence d’une convention fiscale avec le Canada, le rapatriement des bénéfices et la nature de l’entreprise.
- Établir une succursale à l’étranger
Une succursale étrangère est une extension d’une société canadienne qui permet à la société d’opérer dans un autre pays sans créer une nouvelle entité juridique. L’établissement d’une succursale à l’étranger est un processus relativement simple et rapide, ce qui en fait une option rentable. Si la succursale à l’étranger ne génère pas de bénéfices (ce qui peut arriver au cours des premières années en raison des coûts de démarrage), les pertes subies peuvent être déduites du revenu au Canada.
Cependant, il y a des inconvénients à faire des affaires par l’intermédiaire d’une succursale à l’étranger qui doivent être pris en compte. La plus importante est la question de la responsabilité. Si une entreprise est poursuivie, tous ses actifs (y compris le Canada) sont touchés, quelle que soit la juridiction. Cela peut être particulièrement problématique si l’entreprise souhaite opérer dans un pays où les litiges sont particulièrement nombreux, comme les États-Unis.
En outre, les revenus des succursales à l’étranger sont immédiatement imposés au Canada, sans report d’impôt, et peuvent être imposés à l’extérieur du pays ou faire l’objet d’une retenue d’impôt lorsqu’ils sont remis au Canada. Les taux de change peuvent également poser problème. L’établissement d’une succursale à l’étranger limite la possibilité de contrôler ou de couvrir le risque de change, et les fluctuations du taux de change peuvent avoir un impact important sur les bénéfices.
Ces dernières années, certaines entreprises ont abandonné l’option des succursales, notamment en raison de l’évolution des besoins des consommateurs. Les clients de certaines régions, comme les États-Unis, où la fiscalité locale rend difficile et coûteux l’achat auprès d’une société canadienne, préfèrent traiter avec une société enregistrée dans leur pays d’origine ou acheter auprès d’elle.
La planification à long terme doit également être envisagée avant de décider d’établir une succursale à l’étranger. En effet, la transformation d’une succursale à l’étranger en filiale à l’étranger est ensuite imposable au Canada.
- Créer une filiale étrangère
La deuxième option consiste à créer une filiale à l’étranger, par exemple sous la forme d’une société étrangère. Dans le cadre de cette option, la société est établie à l’étranger pour faire des affaires en dehors du Canada.
Du point de vue canadien, l’établissement d’une filiale étrangère est une structure fiscalement avantageuse qui offre plusieurs avantages. Le Canada a mis en place un système fiscal conçu pour minimiser la double imposition et dispose d’un régime fiscal généreux pour les filiales canadiennes à l’étranger. Les bénéfices réalisés par les filiales étrangères ne sont pas imposés tant qu’ils ne sont pas rapatriés au Canada. En outre, lorsque la filiale est activement engagée dans l’activité, les bénéfices sont souvent rapatriés sous forme de dividendes non imposables. L’établissement d’une filiale à l’étranger peut également isoler la filiale des opérations étrangères et la protéger de la responsabilité juridique. Ces avantages font souvent de l’établissement d’une filiale étrangère le meilleur choix pour de nombreuses entreprises canadiennes.
Il convient toutefois de faire preuve de prudence si la filiale étrangère tire ses revenus principalement ou exclusivement de dettes telles que des loyers, des redevances ou des intérêts, ou si ses activités ne répondent pas au « critère de l’activité commerciale active ». Par exemple, si une société mère canadienne établit une filiale étrangère dans un territoire à faible taux d’imposition et que la filiale ne gagne que des revenus passifs de redevances, ces revenus peuvent être immédiatement imposables au Canada.
Notez que les prix de transfert s’appliquent à toutes les transactions entre une filiale étrangère et sa société mère canadienne, que la filiale étrangère gagne un revenu actif ou passif.
- Soyez au courant des changements dans la législation.
L’environnement fiscal évolue constamment, tant au Canada qu’à l’étranger, et les changements peuvent avoir un impact imprévu sur vos opérations, vos bénéfices et la structure optimale de votre entreprise à l’étranger. Le régime fiscal canadien pour les filiales à l’étranger est en train de changer, et les stratégies qui étaient efficaces sur le plan fiscal il y a quelques années peuvent ne plus être appropriées aujourd’hui. Il est conseillé de demander l’avis d’un conseiller en fiscalité internationale de manière continue pour s’adapter à la situation actuelle, et pas seulement lorsqu’on fait des affaires au-delà des frontières du Canada.
Les modifications apportées aux régimes fiscaux étrangers peuvent également affecter votre entreprise ou vos activités à l’étranger. Par exemple, Trump a promis une réforme complète de l’impôt sur les sociétés lors de sa campagne présidentielle. Si ces promesses se concrétisent, les États-Unis, dont les impôts sont plus élevés que ceux du Canada, pourraient devenir un pays à faible fiscalité. Ce changement pourrait avoir un impact important sur les activités commerciales et le rapatriement des bénéfices des entreprises canadiennes ayant des filiales aux États-Unis. De même, les changements législatifs post-Brexit pourraient affecter les opérations commerciales et les ventes au Royaume-Uni et dans l’UE.
À ce jour, il n’y a pas eu de changements significatifs, mais il est conseillé de prendre des précautions pour préparer votre entreprise et vous assurer que vous continuez à obtenir le meilleur résultat fiscal possible.
- Autres considérations à prendre en compte
Quelle que soit l’option que vous choisissez pour vous installer à l’étranger, le parcours est complexe et implique un certain nombre de considérations, notamment
- La stratégie commerciale est la force motrice. Si l’obtention de résultats fiscaux optimaux est un facteur important lorsqu’on envisage une expansion à l’étranger, la stratégie commerciale doit toujours passer en premier. Veillez à ce que la stratégie fiscale soutienne la stratégie commerciale et non l’inverse.
- Agissez en pensant à l’avenir. Les décisions prises maintenant concernant la structure de l’entreprise et l’expansion internationale peuvent limiter vos options futures, notamment votre stratégie de sortie. Essayez de protéger vos options et de conserver une certaine souplesse pour l’avenir.
- Restez fidèle à la stratégie que vous avez choisie. Les plans d’expansion à l’étranger peuvent rapidement échouer sans une mise en œuvre et une gestion appropriées. Avant de prendre toute décision importante, consultez des experts fiscaux, juridiques et commerciaux et suivez leurs suggestions pour éviter les surprises coûteuses, notamment en matière d’impôts.