L’histoire de la Tunisie Aymen Labidi septembre 1, 2023

L’histoire de la Tunisie

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L'histoire de la Tunisie

La Tunisie est un État indépendant d’Afrique du Nord depuis 1956. Mais c’est plus que cela, il couvre l’histoire du territoire tunisien depuis la période préhistorique des Capos et l’ancienne civilisation punique, avant qu’il ne soit gouverné par les Romains, les Vandales et plus tard les Byzantins. Le 7ème siècle est un tournant décisif, lorsque la population est progressivement islamisée et arabisée sous les différentes dynasties et rencontre la résistance de la population berbère.

En raison de sa position stratégique au centre de la Méditerranée, la Tunisie devient l’objet d’une compétition entre différentes puissances, l’Espagne de Charles Quint, le jeune Empire ottoman puis la France, qui prend le contrôle des provinces ottomanes afin de devancer ses rivaux italiens. La Tunisie a connu de profonds changements structurels et culturels, avec la montée rapide d’un mouvement nationaliste qui a conclu un accord avec les autorités, menant à l’indépendance en 1956. Depuis lors, le pays a été contraint de s’orienter vers la modernisation et l’intégration économique, sous l’impulsion d’un parti politique qui a dominé jusqu’à la révolution de 2011.

L’évolution de l’historiographie

En 1987, la revue IBLA de l’Institut des belles lettres arabes consacre un numéro spécial à l’historiographie tunisienne, dans lequel les auteurs, dont Taoufik Bachrouch, soulignent la lenteur du développement des études historiques et la nécessité d' »assainir » divers domaines, notamment Les inégalités persistantes dans l’histoire contemporaine. Cette évolution s’est poursuivie en 1998 avec la publication de près de 200 travaux universitaires sur l’histoire nationale, un phénomène caractérisé par l’ouverture de l’histoire aux autres sciences sociales.

L’histoire de l’Etat reste le thème central des ouvrages, notamment les aspects sociaux, politiques et économiques, alors que les aspects culturels et religieux restent relativement peu importants.5 La plupart des ouvrages portent sur l’histoire moderne – à partir de la conquête de la Tunisie en 1574 – et l’histoire contemporaine – à partir de la signature du traité du Bardo en 1881 – et représentent aujourd’hui les deux tiers des ouvrages d’histoire universitaire défendus entre 1985 et 1998.

De L’étude de la période médiévale, qui commence avec l’arrivée de l’Islam, est également très couverte, tandis que l’étude de l’histoire ancienne a son propre statut et se distingue de celle des autres périodes : elle compte un nombre plus limité de travaux en raison d’un manque de formation adéquate des jeunes chercheurs, notamment en matière d’accès aux sources, et d’un enseignement relativement faible de l’archéologie et des langues anciennes. Cependant, des efforts ont abouti à la création d’une maîtrise en lettres classiques en 1997.

En termes de contenu, l’étude de l’histoire ancienne s’est principalement concentrée sur la sphère sociale et la vie quotidienne, et plus récemment sur les lettres et l’archéologie, tandis que l’étude de la période médiévale a couvert un éventail plus large de sujets, y compris l’anthropologie et la politique. Si les études sur les XVIe et XVIIe siècles restent rares, c’est la richesse de la documentation, notamment sur les questions sociales et économiques, qui a permis de réaliser des études plus détaillées sur les XVIIIe et XIXe siècles. Outre l’étude des mouvements nationaux, des sujets politiques et des sujets éducatifs sont également abordés. La diversité des sujets se reflète également dans la « nouvelle histoire », qui traite des minorités ethniques, des femmes, du commerce, etc. L’histoire régionale est un nouveau thème, qui est également lié au grand nombre d’archives disponibles pour les chercheurs et qui, selon ses promoteurs, permettra de créer des compilations au niveau national afin de surmonter les faiblesses de la sociologie tunisienne.

Préhistoire

Les premières traces de présence humaine en Tunisie remontent au Paléolithique. Une petite population nomade de chasseurs-cueilleurs muste se rassemblait à l’oasis d’El Guettar, à 20 km à l’est de Gafsa. Michel Gruet, l’archéologue qui a découvert le site, note qu’ils mangeaient des dattes, dont il a trouvé le pollen près d’une source et qui est maintenant asséchée. Le site lui-même présente une structure de 4 000 silex taillés dans des pierres de taille. Sphérique, dans un cône d’environ 75 cm de haut10 et 130 cm de diamètre. Ces pierres sont associées à des ossements de carnivores, des dents de mammifères et des poinçons en silex et en granit de l’époque moustérienne.

Fondations et expansion

La Tunisie, comme de nombreuses autres régions méditerranéennes, a progressivement accueilli une série de comptoirs phéniciens, du Maroc à Chypre. Selon la tradition, le premier comptoir fut celui d’Utique, dont l’existence remonte à 1101 av. J.-C. C’est là que s’enracine une force fondamentale dans l’histoire antique du bassin méditerranéen. En 814 avant J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr ont fondé la ville de Carthage . Selon la légende, la ville a été fondée par la reine Eliza (connue des Romains sous le nom de Didon), sœur du roi tyrien Pygmalion . Cependant, des doutes existent quant à l’exactitude des dates données par la tradition littéraire et les découvertes archéologiques ont alimenté ce débat. En effet, l’objet le plus ancien trouvé à ce jour est une poterie proto-corinthienne du milieu du VIIIe siècle avant notre ère, provenant des dépôts sous-jacents à la chapelle de Sintas découverte par Pierre Cintas sur le sommet de Carthage en 1947. Néanmoins, étant donné l’incertitude de la datation des céramiques anciennes, il n’y a aucune raison de rejeter une datation basée sur la tradition littéraire.

La population originelle de la région tunisienne était libico-berbère, ce qui est devenu un peu un jeu de mots lorsqu’elle a habité les environs du comptoir. C’est ce que montrent, par exemple, les découvertes archéologiques de stèles inscrites de manière maladroite avec des dessins de symboles Tanit, notamment sur des sites comme l’ancienne Klupea, l’actuelle Caeliya. Ces maladresses évoquent l’appropriation du symbolisme punique par les personnes en contact avec les citoyens du comptoir commercial. Face à la mer, Carthage était aussi structurellement ouverte sur le monde extérieur. Cette croissance de la paix – pour autant que l’on puisse en juger par les sources disponibles – a fait place à une lutte d’influence qui a donné lieu à plusieurs séries de conflits. Un siècle et demi après la fondation de la cité, l’empire carthaginois ou punique étend son influence dans le bassin occidental de la Méditerranée : il revendique une présence en Sicile, en Sardaigne, aux Baléares, en Espagne, en Corse et en Afrique du Nord – du Maroc à la Libye – partagée par les Grecs anciens et les Carthaginois, y compris sur la côte atlantique du Maroc. Cette présence a pris de nombreuses formes, dont la colonisation, mais a surtout été commerciale (postes de traite, signature de traités, etc.).