La pénurie de main-d’œuvre est sur toutes les lèvres et certaines projections démographiques sont alarmantes. Selon le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, il y aura plus de 1,4 million d’emplois à pourvoir d’ici 2026. Afin de recruter et de retenir les employés, il existe plusieurs stratégies qui peuvent aider les entreprises.
Pénurie de main-d’œuvre.Un défi de taille, Selon Statistique Canada, la pénurie de main-d’œuvre constitue un obstacle pour 44 % des entreprises”. Ce pourcentage est de 37% au Canada. C’est donc un problème répandu, mais c’est encore pire au Québec”, compare Emna Braham, directrice générale de l’Institut québécois (IQ). Si le problème n’est pas nouveau, il s’est accéléré avec le début de la pandémie. Entre 2019 et 2022, nous enregistrerons un bond de 60% du nombre de postes vacants”. Elle a souligné qu’elle ne pensait pas que l’entreprise disposait d’une seule “solution magique”, mais plutôt d’une gamme d’outils.
Statistiques de la construction
Cette année, la Chaire de macroéconomie et de prévision de l’ESG UQAM a signé une entente de trois ans avec le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale”. Nous examinons quatre thèmes liés aux pénuries de main-d’œuvre“, explique Etienne Lallet, membre de la chaire et professeur au département d’économie de l’université du Queensland.
La chaire analyse la mobilité de la main-d’œuvre, les salaires, le taux de chômage naturel et le rôle des travailleurs étrangers sur le marché du travail afin d’établir des statistiques et de prévoir ce qui risque de se passer dans les années à venir. Les travaux du Président aideront le gouvernement à y voir plus clair afin d’affiner sa stratégie”. Nous manquons d’un tableau complet, d’une comptabilisation précise des pénuries et de données sur les emplois vacants par secteur et par région”, a déclaré le professeur. Nous savons déjà que le vieillissement de la population, le repositionnement des travailleurs pendant la pandémie et le déclin des travailleurs migrants ont joué un rôle. Mais ces facteurs n’ont pas été quantifiés”. Nous avons besoin de données plus détaillées, en particulier d’études longitudinales qui suivent les individus dans le temps”, dit-il.
Les ressources humaines au cœur des remèdes
Les travaux de M. Lalé ont révélé un problème majeur auquel de nombreuses entreprises doivent s’attaquer : la rémunération”. Les secteurs où les pénuries sont les plus aiguës sont ceux où les salaires sont restés très bas pendant longtemps et augmentent lentement”, dit-il.
L’exemple le plus évident est celui de l’hôtellerie et de la restauration, où les employés fuient vers de meilleures conditions.” Les salaires doivent augmenter plus rapidement pour surmonter la pénurie”, déclare M. Lale. En même temps, il comprend les difficultés rencontrées par les petites entreprises de ce secteur. Le deuxième levier révélé par ses travaux renvoie la balle dans le camp du gouvernement, qui doit mieux déployer les travailleurs temporaires pour faire face à la demande de main-d’œuvre.
Pour sa part, l’IDQ préconise une meilleure organisation du travail. Nous devons faire les choses différemment, être plus efficaces en réorganisant les horaires, en redéfinissant les tâches et en encourageant le travail d’équipe”, explique Emna Braham, qui souligne que le rôle du département ou du responsable des RH est encore plus crucial.
“Ils sont devenus le point le plus stratégique de l’entreprise. Vous devez investir dans les ressources humaines pour vous assurer que vous disposez des bonnes politiques de recrutement, mais aussi des bonnes stratégies de rétention et d’un environnement accueillant pour accueillir davantage de travailleurs à bord”, conseille le directeur général. Les entreprises devront investir davantage dans la formation de leur personnel”. Si l’on veut faire plus avec moins, les travailleurs doivent être plus productifs et plus agiles pour accomplir différentes tâches”, affirme-t-elle.
Recrutement et maintien en poste de travailleurs expérimentés
L’attraction des personnes âgées de 60 à 69 ans est l’un des principaux leviers utilisés par le Conseil provincial du Québec (CPQ) ” En juillet 2021, nous avons rendu publiques dix solutions pour pallier la pénurie à court, moyen et long terme. Parmi celles-ci, l’attraction ou la rétention des travailleurs expérimentés âgés de 60 à 69 ans est probablement l’une des plus rapides à mettre en œuvre “, a déclaré le président-directeur général du CPQ, Carl Blackburn.
Le taux d’emploi de ce groupe d’âge est inférieur à celui du reste du pays, déplore le CPQ”. Carl Blackburn a déclaré : ” Si ce taux est le même que celui de l’Ontario, nous aurons 77 000 travailleurs sur le marché du travail en 2021. ” Le CPQ a lancé une enquête, auprès des 30 meilleures entreprises de son secteur ayant de bonnes pratiques en matière de maintien ou de rapatriement des personnes de 60-69 ans, en vue de déployer un guide en 2023.
Adapter votre modèle d’entreprise
De nombreuses entreprises automatisent leurs processus afin de se démarquer de la concurrence ou d’accéder à de nouveaux marchés. emna braham déclare : “elles ne réalisent pas toujours que cela peut les aider à gérer les problèmes de main-d’œuvre.” Vous devez investir dans de nouveaux outils d’automatisation ou d’informatique. Pour la plupart des entreprises, c’est une question de survie”, dit-elle.
Elle cite en exemple le secteur du commerce de détail.” Pour réussir, vous devez recruter beaucoup d’employés à temps partiel faiblement rémunérés. Ces postes sont très difficiles à pourvoir”, dit-elle. En développant leurs modèles économiques pour y inclure le commerce en ligne, les détaillants peuvent devenir plus compétitifs en recrutant des travailleurs plus qualifiés à des salaires plus élevés.” Nous devons adapter notre modèle économique non seulement à nos clients, mais aussi à nos employés”, a-t-elle déclaré.
