Pénurie de main-d’œuvre : immigration..formation..intégration Aymen Labidi novembre 6, 2022

Pénurie de main-d’œuvre : immigration..formation..intégration

https://lautjournal.info/20211027/penurie-de-main-doeuvre-ne-comptez-pas-sur-le-systeme-dimmigration-au-quebec
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Pénurie de main-d’œuvre : immigration..formation..intégration !! Il existe plusieurs façons concevables d’atténuer les effets des pénuries de main-d’œuvre. Et l’État québécois dispose de plusieurs leviers. Un aperçu avec trois experts.

Les pénuries de main-d’œuvre sont observées et mesurées sur tout le territoire. Dans les statistiques, mais aussi dans la multiplication des offres d’emploi en ligne ou dans les affiches “personnel recherché” sur les portes des commerces contraints de réduire leurs heures d’ouverture. La crise est réelle. Et cela ne fait que commencer : les courbes démographiques sont claires.

“Le phénomène de pénuries de main-d’œuvre  touche les entreprises de toutes les régions du Québec et de tous les secteurs de l’économie”, résumait récemment le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale dans un document. En 2015, il y avait cinq chômeurs pour chaque offre d’emploi ; en juin de cette année, il y avait plus d’offres d’emploi que de chômeurs. Au premier trimestre de cette année, le taux de vacance, c’est-à-dire le rapport entre les emplois non pourvus et le total des emplois, était de 6,2%. Une augmentation de près de 35% en un an…. Le ministre Jean Boulet parle d’un “défi social” qui s’intensifiera à la fin de la prochaine décennie. En effet, le recensement de 2021 montre que jamais auparavant autant de personnes au Canada n’ont été aussi proches de la retraite qu’aujourd’hui.

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Pénurie de main-d’œuvre : immigration..formation..intégration

Les points d’entrée ne manquent pas pour atténuer les effets de la pénurie. Et l’État dispose de plusieurs leviers pour agir. Un aperçu avec trois experts.

1. Des réductions d’impôts pour les personnes âgées de 60 ans et plus, afin de les maintenir dans la population active.

Entre 75 000 et 90 000 personnes âgées de 60 à 69 ans pourraient retourner sur le marché du travail, selon les estimations du Conseil du patronat du Québec (CPQ). Une façon de les convaincre serait de “relever le seuil de revenu supplémentaire qui permet de ne pas payer d’impôt et, en plus, de s’assurer que ces personnes ne perdent pas leur système de retraite”, dit Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ. Pour inciter les entreprises à accueillir ces travailleurs expérimentés, l’État devrait leur permettre de ne plus cotiser au Régime des revenus du Québec (RRQ) ou à l’assurance-emploi (cette responsabilité incombe à Ottawa), suggère l’ancien député libéral provincial.

2. admettre davantage d’immigrants et simplifier la prolongation des permis de travail.

Les observateurs s’accordent à dire que l’immigration ne peut à elle seule résoudre la pénuries de main-d’œuvre , mais qu’elle fait partie de la solution. En 2021, un emploi sur cinq au Québec était occupé par un immigrant. En dix ans, le taux de chômage de cette tranche d’âge de 25 à 54 ans est passé de 12,7% à 5,3%. “Les données sur l’intégration du marché du travail montrent des progrès exceptionnels”, déclare Mia Homsy. Le directeur général de l’Institut du Québec (IDQ), un organisme de recherche sur les politiques publiques, devient vice-président à la main-d’œuvre et à l’intelligence économique d’Investissement Québec en septembre. Il estime que le moment est venu de relever les seuils d’immigration annuels, qui sont actuellement de 50 000 résidents permanents par an. Sans fixer d’objectif précis, l’IDQ propose de créer un programme qui priorise l’établissement des travailleurs étrangers temporaires et des étudiants en région et accélère le processus d’obtention de leur résidence permanente. Plus précisément, cela pourrait signifier jusqu’à 10 000 arrivées permanentes supplémentaires par an.

Mia Homsy considère que la contribution des travailleurs étrangers temporaires qui répondent à des besoins spécifiques est positive. Elle note toutefois un “décalage dans les taux d’immigration” : en 2021, il y avait quelque 177 000 immigrants temporaires au Québec (y compris les étudiants étrangers), et ils connaissent une plus grande incertitude que les travailleurs permanents. Le programme proposé par l’IDQ corrigerait en partie ce déséquilibre, a-t-il déclaré.

Sur la même question des immigrants temporaires, Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à l’École des sciences de l’administration de l’Université TÉLUQ et titulaire de la chaire de recherche sur les défis socio-organisationnels de la société du savoir, soutient que les processus administratifs doivent être plus fluides. Au Québec, il faut beaucoup plus de temps pour obtenir un permis de résidence permanente que dans les autres régions du Canada, et plusieurs obstacles rendent difficile le renouvellement des permis de travail. Elle a déclaré : “Nous devons faire en sorte que cela fonctionne. Ce sont des personnes qui sont déjà largement intégrées”.

3. remplacer le soutien à la création d’emplois par un soutien à la productivité.

Toutes les campagnes électorales tournent autour de qui promet de créer plus d’emplois. Robert Bourassa nous l’avait rappelé en 1970 avec le cap des 100 000 emplois. En 2014, Philippe Couillard parlait de 250 000… “Dire “on va créer 100 emplois et embaucher des gens” ne fonctionne plus”, affirme Mia Homsy. Cependant, tous les programmes sont encore orientés dans ce sens : l’aide reste liée aux emplois créés”, dit-elle.

La pénurie actuelle devrait être l’occasion de “mieux aligner la politique économique sur la politique du travail”, estime le chef de l’IDQ. Un exemple : avant que le gouvernement ne finance un projet de développement du secteur privé, un comité interministériel doit examiner quels secteurs et quelles professions sont susceptibles d’être touchés, quelles questions de développement des compétences et de formation doivent être abordées, quelles stratégies doivent être utilisées pour garantir la disponibilité de la main-d’œuvre, etc.

Mia Homsy suggère également d’alléger la charge fiscale pour “récompenser les bons comportements des entreprises”. “Ceux qui forment leurs employés ou font un effort pour retenir les travailleurs expérimentés devraient avoir une manne.

Karl Blackburn croit également que le Québec devrait rendre la fiscalité “compétitive” pour aider les entreprises à augmenter leur productivité, ce qui, selon lui, contribuera à atténuer les pénuries. En encourageant les investissements dans les nouvelles technologies, l’innovation, la recherche et l’automatisation, l’État réduira les besoins en ressources humaines.

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4. Faciliter la mobilité.

Les conditions de travail – en particulier le salaire et les avantages – peuvent être les premiers leviers d’attraction, mais il existe d’autres facteurs qui contribuent à attirer les candidats à un emploi ou à les faire fuir. Le gouvernement doit “minimiser” les obstacles à la mobilité, affirme Mia Homsy. Ces obstacles comprennent le manque d’éducation, la non-reconnaissance des compétences et des qualifications acquises à l’étranger, etc.

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