Québec 2022 : la pénurie de main-d’œuvre touche divers secteurs économiques : Selon les milieux d’affaires, les PME manquent de personnel et la pénurie de main-d’œuvre constitue le principal défi du prochain gouvernement.
Les difficultés à trouver du personnel obligent les PME à payer des salaires plus élevés alors même que l’inflation augmente les autres coûts de production des biens ou des services.
“Cela signifie que les dirigeants de PME doivent travailler davantage, réduire leurs heures, annuler des projets et, dans certains cas, même abandonner des contrats”, a déclaré François Vincent, vice-président de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) au Québec.
Cela entrave la reprise économique”, a déclaré Karl Blackburn, président et directeur général du Comité de patronage du Québec (CPQ). Notre économie ne sera pas aussi forte qu’elle devrait l’être en raison de la pénurie de main-d’œuvre. C’est la question la plus importante au Québec et les partis politiques doivent en parler dans leurs campagnes électorales.
Quelle est la véritable raison ?
- Blackburn estime que la pénurie de main-d’œuvre est avant tout un problème démographique.” C’est simple : les travailleurs qui quittent le marché du travail sont plus nombreux que ceux qui y entrent. Nous sommes confrontés à un défi de taille : nous devons trouver 1,4 million de travailleurs d’ici à 2030. Mais certains pensent que c’est la mauvaise façon d’aborder le problème.
Seulement au Québec, mais ce n’est pas vrai”, déclare l’économiste Pierre Fortin. La population active du Québec continue de croître. Il n’y a pas de pénurie. La demande des entreprises augmente plus rapidement que l’offre de main-d’œuvre parce que l’économie est tout simplement forte.
“Un taux de chômage aussi bas est normal dans une économie qui tourne souvent à un niveau élevé. Les chefs d’entreprise finiront par s’en rendre compte”, a-t-il ajouté.
Offre de travail au Québec
Malgré des désaccords sur les causes de la pénurie de main-d’œuvre, l’économiste et le président du comité des employeurs ont convenu qu’il n’existe pas de solution unique à la pénurie de main-d’œuvre.
“Il existe plusieurs solutions, comme le maintien des travailleurs expérimentés sur le marché du travail, la numérisation ou l’amélioration de la formation interne, mais ce n’est pas la seule sur la table”, a expliqué Karl Blackburn.
Selon le président du CPQ, il faut “accroître la main-d’œuvre par tous les moyens”, notamment en augmentant les quotas d’immigration. Le mantra économique consiste à admettre jusqu’à 100 000 nouveaux immigrants par an, tandis que le gouvernement Léger estime que le Québec est capable d’intégrer 50 000 immigrants par an.
Les libéraux ont annoncé qu’ils admettraient 70 000 immigrants par an jusqu’à ce que les régions déterminent elles-mêmes leurs besoins dans ce domaine pour compenser l’augmentation des postes vacants.
Ce seuil est le même que celui fixé par la CAQ pour 2022 afin de rattraper le retard créé lors de la pandémie.” Si nous parvenons à absorber ce nombre dans une année donnée, je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas aller de l’avant”, a déclaré François Vincent de la FCEI.
Une situation compliquée au Québec
“Il est clair que l’immigration est la solution. Mais c’est une tâche très complexe et il faut beaucoup de temps pour obtenir des résultats.” Pierre Fortin a déclaré qu’il pensait que les problèmes locaux pouvaient être résolus par une immigration sélective, mais que l’immigration massive risquait, entre autres, de faire resurgir le chômage.
“C’est comme appuyer sur un ballon : si vous appuyez sur un côté, le ballon se gonflera de l’autre côté”, conclut l’économiste.
Les petites et moyennes entreprises sous pression pour trouver la main d’œuvre
Selon les dernières données de Statistique Canada, il y a 253 825 postes à pourvoir au Québec, soit plus du double des 126 730 du quatrième trimestre de 2019.
Les secteurs du logement, de la construction et de la fabrication sont les plus durement touchés par la pénurie de main-d’œuvre.
63% des dirigeants de PME ont dû travailler plus longtemps pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre.
39 % des PME ont été contraintes d’abandonner des ventes ou des contrats.
61% des PME estiment que le gouvernement ne comprend pas l’impact de la pénurie de main-d’œuvre sur leur entreprise.
Un personnel satisfait … Dans certaines régions.
Entre 2017 et 2021, le salaire horaire moyen au Québec passera de 24,85 $ à 28,81 $.
Le secteur des services publics a connu la plus forte augmentation des salaires au cours de la même période, passant d’une moyenne de 36,49 $ à 46,21 $ par heure travaillée.
La croissance des salaires a été plus faible dans l’agriculture, le commerce de détail, l’éducation et l’hébergement et la restauration que dans les autres secteurs.